Monday, March 1, 2010

La mort d’Emma : une évasion de la réalité dans une fin romantique

À la fin du roman « Madame Bovary », Emma se trouve dans une situation extrêmement grave : elle doit une somme énorme à Monsieur Lheureux, dont elle ne peut pas payer. Même si c’est cette dette qui la conduit à se suicider finalement, elle l’accomplit dans une manière romantique, ce qui est évident quand elle prend la décision de se tuer : « Elle ne se rappelait point la cause de son horrible état, c’est-à-dire la question d’argent. Elle ne souffrait que de son amour… un transport d’héroïsme la rendait presque joyeuse» (Flaubert, 405). En choisissant de terminer sa vie, elle se fait croire qu’elle périt pour l’amour. En fait, c’est peut-être la seule chose qu’elle fait tout au long du roman qui peut être considéré comme étant romantique. D’abord, il semble qu’elle ne voit que le drame et la beauté dans sa mort :

« Elle tourna sa figure lentement, et parut saisie de joie à voir tout à coup l’étoile violette, sans doute retrouvant au milieu d’un apaisement extraordinaire la volupté perdue de ses premiers élancements mystiques, avec des visions de béatitude éternelle qui commençaient » (Flaubert, 417).

Ensuite, à côté de son lit de mort est Charles, la seule personne qui n’a jamais l’aimée :

« Et elle lui passait la main dans les cheveux, lentement. La douceur de cette sensation surchargeait sa tristesse ; il sentait tout son être s’écrouler de désespoir à l’idée qu’il fallait la perdre, quand, au contraire, elle avouait pour lui plus d’amour que jamais » (Flaubert, 410).

De plus, pour Charles, la mort d’Emma est une expérience horrible et extrêmement douloureuse, ce qui est souligné par la narration elle-même. Contrairement à la mort de sa première femme, dont la narration n’a que duré quelques phrases, la mort d’Emma dure pendant une vingtaine de pages. C’est donc évident que l’amour de Charles pour Emma à la fin de sa vie ajoute un élément romantique à la situation, ce qui rend la mort idéale pour Emma.

Flaubert, « Madame Bovary » (pages 384 à 446).

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