Le thème des perceptions sensorielles est clair dès le début de « Du côté de chez Swann », mais quand même un peu subtil. Je me concentre sur un passage en particulier, dans lequel l’évocation du narrateur des odeurs marque les actions physiques dans la mémoire du narrateur. Ce passage se trouve à la page 71, quand M Swann est venu rendre visite à la famille du narrateur. Comme d’habitude, le narrateur doit se coucher pendant la soirée, mais il est très inquiet à propos du baiser qu’il reçoit habituellement de sa mère. Quand son père l’envoie au lit sans le baiser de sa mère, le narrateur est extrêmement malheureux. Sa description de l’ascension de l’escalier pour se coucher est inondée avec sa perception de l’odeur de l’escalier :
« Cet escalier détesté où je m’engageais toujours si tristement, exhalait une odeur de vernis qui avais en quelque sorte absorbé, fixé, cette sorte particulière de chagrin que je ressentais chaque soir et la rendait peut-être plus cruelle encore pour ma sensibilité parce que sous cette forme olfactive mon intelligence n’en pouvait plus prendre sa part » (Proust, 71).
C’est intéressant à remarquer que le narrateur fait une association entre sa tristesse de ne pas recevoir un baiser de sa mère et l’odeur de l’escalier qu’il monte pour aller se coucher. Chaque fois qu’il sent l’odeur de vernis, le narrateur sent malheureux, tout en relation avec son désir pour l’amour de sa mère. On peut donc dire que les perceptions sensorielles jouent un rôle très remarquable, non seulement dans les actions physiques, mais aussi dans les souvenirs (car cet épisode prend parti d’un souvenir de l’enfance du narrateur).
En lisant le début du roman, il me semblait qu’il y avait un sens (subtil, mais quand même très indéniable) érotique à propos des désirs du narrateur pour sa mère. Est-ce que c’est innocent ?
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